Le Sol
Préambule
Un exemple de composition de sol pour eau douce tropicale. Ce n'est pas la recette miracle, et il y a d'autres compositions de sol qui marcheront surement. J'ai choisi de faire un sol, sans utiliser de sol tout préparé, ou de terre, ou de mélange de fabricant qui rappelle les sols des berges de fleuves ou marais tropicaux !
Je pense que le choix des plantes est primordial selon le sol que l'on compose pour son aquarium.
Il y a des plantes qui se nourrissent essentiellement par les feuilles, les plus faciles à maintenir, toutes les plantes à bouturer en font partie. Un sol pauvre est suffisant.
Des plantes qui sont capables de puisser par ces racines et ses feuilles. (sous reserves le Nymphea )
Et enfin des plantes qui puisent essentiellement par les racines. Ce sont des plantes à pousse relativement lente, avec un reseau de racine important. Par exemple les Cryptocorynes, les Anubias.
Et donc des plantes qui aiment un sol riche !
C'est une expérimentation que je méne depuis Aout 2002.
La composition d'un sol
La Composition de sol que je vous relate ici, et celui que j'expérimente dans le bac d'une amie depuis le début du mois d'Aout 2002.
Les caractéristiques du bac sont 1m de facade, environ 45 cm de large, et 60 cm de hauteur. Cependant il n'est pas rempli jusqu'en haut d'eau. Volume utile brut = 210 L éclairage 12H par jour par un seul néon (2 ce serait mieux), le systéme de filtration lui est composé d'une petite décante interne d'environ 1.5 L, (role mécanique mousse et ouate), mais aussi par une cuve de 3L (Eheim 2213) externe fermée en dessous dans le meuble avec des ouates, mousses, et céramiques pour compléter l'aspect biologique. (On ne sait jamais, le biologique dans le sol du bac ne sera peut être pas suffisant ou efficace même si en théorie cela devrait fonctionner) Donc 2 filtrations autonomes et séparées, un chauffage par un combiné classique.
La population de poissons: beaucoup de Platy qui sont des gros pollueurs, avec les juvéniles plus de 30... (C'est trop mais elle adore les Platy... )
Afin de réaliser un sol à la fois drainant, et biologique, j'ai eu l'idée d'utiliser une partie du sol du bac, pour remplir la fonction biologique dévolue habituellement au filtre.
Sur le fond de l'aquarium j'ai disposé un cordon chauffant de 50W, que l'on branche en permanence ou alors sur un thermostat, il a pour but à la fois d'offrir un chauffage d'appoint de l'eau, mais aussi de chauffer les racines des plantes, et de créer ainsi un courant d'eau chaude du fond du bac vers le haut de celui-ci à travers le sol. (Pour certains le chauffage des racines donnent un meilleur résultat dans la pousse et la prolifération des plantes.)
Ce cordon est recouvert d'une couche épaisse de pouzzolane 3 à 5 cm uniforme. Ce matériau est rugeux, de couleur marron rouge, friable, il se réduit en morceaux et poudre si on le comprime, et très pauvre. Ce sont des petits cailloux d'environ 1cm chacun. Sa qualité première est sa porosité très importante, ce qui permet aux racines des plantes de s'y accrocher, mais aussi aux bactéries de s'y installer en grand nombre. Mon idée est donc de me servir de sa porosité pour compléter naturellement la filtration biologique. Pour enrichir ce sol, j'ai disposé des billes d'argiles (de la "marque" Latérit ) qui sont censés contenir une très forte concentration en Fer, afin que le milieu n'en soit pas carencé.
Ensuite un film de moustiquaire, afin que le gravier que j'ai mis au dessus ne vienne pas combler tous les espaces libres entre les pouzzolanes, et donc annuler les bienfaits de la porosité du produit, et de manière annexe, pour que les poisseurs fouisseurs ne viennent pas y mettre la tête, et s'y blesser.
Au dessus de cette moustiquaire (pour ma part j'ai utilisé un grillage vert acheté au m en jardinerie, avec des mailles de 0.5 cm, et il y a un peu de gravier qui coulent entre les mailles dans les pouzzolanes), j'ai mis une épaisseur de 3/4 cm de gravier et d'Aqualit mélangé (L'Aqualit est une sorte de gravier, légérement rugueux, très léger, qui comporte du Fer, des Oligo-éléments, et d'autres minéraux pour favoriser la pousse des plantes d'après son fabricant), ce sol a été enrichi en mettant réguliérement de nombreuses billes d'argiles ferreuse (Latérit).
Ce gravier a été mis de façon à faire une pente vers le devant du bac, et à réaliser sommairement un peu des terrasses avec des pierres sur un coin du bac.
Et pour finir, par dessus ce sol, une couche assez fine de sable entre 1 et 2 cm de sable fin.
Soit une forte épaisseur du sol au total , ce qui permet à des plantes avec de fortes racines comme le Crinum de s'y sentir bien. L'inconvénient c'est que cela réduit le volume d'eau à environ en théorie 180 L au lieu des 200 L avant
Pour que cela marche au niveau biologique des bactéries, il est nécessaire d'avoir un mouvement d'eau, le cordon chauffant sert à cela entre autre, mais on pourrait tout aussi bien mettre un ou plusieurs exhausteurs et injecter de l'eau sous le sol avec une pompe à eau ou à air. La pompe à air apporterait en théorie de l'oxygéne aux bactéries du sol
D'autres utilisent des sols avec de la terre, on veillera là aussi, à mettre un film de moustiquaire pour que les poissons fouisseurs ne puissent atteindre cette terre et soulever un nuage de terre, inesthétique bien que sans danger.
Resultat partiel
Cela ne fait qu'un mois que ce sol et l'aquarium sont de nouveau en route (il s'agit de la refection d'un bac récent lors de son changement de place.), mais je note déjà que les plantes à bouturer poussent vite et bien et que les autres plantes refont également des feuilles.
La plantation étant faible, on procéde à son étoffement par l'achat d'un Crinum, et d'une Echinodorus, et par l'adjonction bientôt d'autres plantes à bouturer pour en faire des massifs.
Au démarrage j'ai également mis une dose d'oligo-éléments (Pokon soin reverdissant anti-chlorose à doser très soigneusement, les Oligo-èlèments sont nocifs en excès mais leur présence est nécessaire, en principe ils sont naturellement présent dans l'eau du robinet), c'est un bac dont l'eau de remplacement est de l'eau du robinet, avec tous les inconvénients que cela entraine coté pH, Nitrates, dureté (GH et KH), mais comme la population principale est composée de Platy, mis à part les Nitrates à surveiller, cela ne devrait pas être génant.
Etat depuis la mise en route
Le sol et le bac ont été mis en route début Aout 2002, cela fait donc un peu plus de 3 mois maintenant que cela tourne.
Le filtre contient des céramiques comme support biologique et bactérien en plus de la ouate verte de préfiltre, mousse bleu, et ouate blanche fine pour la partie mécanique. On procéde au nettoyage du filtre externe une fois par mois. Il est bien sale à chaque fois. Normal avec les déchets de plantes, et des poissons aussi polluants que des Platy en nombre.
Et pourtant il y a encore en fonctionnement un petit filtre à décantation interne qui est également sale et nettoyé toutes les 3 semaines mais pas en même temps que le filtre externe. Temporairement une résine anti-nitrates vient d'y prendre place.
Il n'y a aucune production de Nitrites, les Nitrates sont assez stables, entre 20 et 50 mg/l, et les changements d'eau (une fois par mois ou toutes les 3 semaines) permettent de les maintenir dans cette bonne moyenne, bien que d'un niveau non négligeable ! D'où la mise en place de la résine pour les baisser (effet coup de fouet).
La plantation reste stable, une dose de Pokon (environ 10 ml) soins reverdissants contenant des Oligo-élément chaque mois et une demi dose (5 ml) à chaque changement d'eau. Le tube unique qui avait un an, a été remplacé pour un Aquastar ce n'est hélas qu'un 75cm de 25W, pour relancer une pousse vigoureuse des plantes. Avant de passer au cours du mois d'octobre à de l'Algo Flash anti chlorose.
Un point de nouveau dans 3 mois, pour observer les résultats sur les plantes.
Le resultat à 9 mois
Après une période de stagnation des Hygrophilla et de la fougère de Java, on a maintenant depuis le passage à L'AlgoFlash et le nouveau tube Aquastar, une croissance régulière et une expansion.
Le crinum s'étale, et fait beaucoup d'ombre, il est expansif ! Une hauteur importante de sol plus de 10 cm à l'arrière lui permet de plonger bien au fond pour puiser.
Depuis, j'ai ajouté des boulettes de Laterit (argile ferreuse) au pied des Echinodorus, pour les doper un peu (c'est une plante aimant le sol riche, elle est un peu au régime sec dans ce bac). Elles sont maintenant mieux, et les 2 ancistrus mangent moins les jeunes feuilles, ca aide aussi !
Les Hygrophilla ont été bouturées, et les boutures remises en place... donc tout va bien pour elle.
La mousse de Java s'étale, et la fougère de Java, solidement accrochée sur une racine prend ses aises.
Les Vallisnéria souffrent un peu du manque de lumière et de l'ombre du Crinum dans le même coin.
Quelques brins de Riccia, se sont multipliès également facilement.
Tandis que le Pistia, lui à cause du courant, n'arrive pas à s'implanter durablement.
La suite dans 3 mois !
Fin de l'expérience
A priori à 6 mois ce bac était assez bien planté, les fougères de Java et plantes à bouturer des Hygrophilla de 2 espèces dont des Polysperma, se comportaient bien.
Les tiges ont été bouturées au fur et à mesure de leur croissance et de leur expansion, ce qui a permis d'étoffer la plantation lentement mais surement.
La fin de l'expérience a du avoir lieu malgré moi, n'ayant plus de contact avec cette personne, je suis incapable de vous donner son état à 12 mois et actuel 15 mois.
Mon propre bac principal
Comme je l'ai dit dans les commentaires, j'ai appliqué ce même principe sur mon propre bac principal d'environ 200 L brut, et 180 L net d'eau.
Un cordon chauffant de 50 W branché en permanence sans thermostat, entouré de pouzzolane sur environ 3 à 4 cm. Un grillage aux mailles trop grosses de 0.5 cm, ensuite une couche d'Aqualit de 2/3 cm suivi d'une couche de sable fin de 2/3 cm et enrichi de billes d'argiles Laterit de Hobbye.
L'éclairage étant fait par 2 tubes de 30 W avec des réflecteurs, un ajout de CO2 par la méthode artisanale de fermentation de levure sur du sucre, et un complément en Oligo élément et en Fer par un mélange AlgoPokon de 2/3 1/3, une dose de 1 ml au total en une fois par semaine pour le bac. Un test Fer JBL permettant de vérifier le taux de fer, et d'ajuster les ajouts en quantité et en nombre de fois par semaine.
Après 2 ans d'utilisation, je peux faire un bilan des plantes pour lesquels mon sol semble insuffisant et de celles pour lesquelles le sol peut convenir dans mes conditions à moi du bac.
Les echinodorus ne se sont pas adaptés, probablement des Echino radicans, ces grandes échinodorus végétent, et même sont mortes dans le bac.
Les echinodorus tenellus n'ont pas tenu non plus.
L'Alternanthera roseafolia, le miriophyllum matogrossense (rouge) sont également mort.
Les plantes suivantes se sont adaptès et developpés :
- cryptocorynes wendtii, pontederifolia, wilisii
- Hygrophilla polysperma et corymboza
- Microsorum pteropus (fougère de Java classique) fixé sur pierre et racine.
- Anubias nana
- Vallisnéria
- Pistia (flottant)
On peut remarquer que ce sont toutes des plantes faciles à conserver dans un aquarium et relativement peu exigeante en nutriment et lumière.
Mes conclusions après 2 ans
Avec le recul de 2 ans d'utilisation d'un cordon chauffant et de ce type de sol, il apparait que ce sol n'est pas assez riche pour satisfaire des plantes difficiles comme des Echinodorus.
Du coup, je me dis que le cordon chauffant n'est pas obligatoirement, le secret pour obtenir une belle plantation. Je l'avais choisi en association avec des pouzzolanes, pour une action biologique, mais dans le cas de mon bac, c'est en double emploi, avec le filtre sec/humide ouvert que j'utilise.
Quand je regarde actuellement mon bac, je vois que cela convient bien aux cryptorynes, qui sont en expansion, et en pleine forme. La fougère de Java (microsorum) a pris beaucoup d'expansion, et couvre presque entiérement ma racine. C'est la plus belle partie de ce bac. Et c'est l'attraction également de tous les poissons.
Difficile de croire que cela n'est parti que d'une toute petite touffe de cette plante sans aucun rhyzome en plus.
Le Pistia en forte expansion, doit être limité en otant les surplus réguliérement pour ne pas capter toute la lumière au détriment des plantes en dessous.
Il m'a fallu plusieurs implantations de pieds de Vallisnéria afin que cette plante s'installe durablement. Actuellement la reprise est assurée, et elles lancent des stolons à l'assaut du reste du sol.
Les Echinodorus surtout les grandes sont une déception, elles sont devenues chétives.
Des bulbes de Nymphea ont été implanté, mais elles souffrent comme d'autres plantes, d'un manque de lumière visiblement.
Les Hygrophilla poussent en palmier, les feuilles du bas meurent, et seul le haut de la tige reste avec des feuilles. Ce qui n'est pas du plus bel effet. Là encore c'est un manque de lumière qui en est la cause.